Actualités : www.lappelafricain.com  / Politique
Katanga : Muyambo lâche une bombe

Quand il décide de rompre le silence, c’est pour lâcher une bombe qui traduit l’expression d’un grand nombre des Katangais: En 2016, Joseph Kabila devra quitter le pouvoir. Et par conséquent, non à toute modification de la constitution.

Voilà des mois qu’il ne s’était plus fait entendre parler de lui. Le bâtonnier le plus célèbre du Katanga vient de rompre le silence en annonçant le samedi 30 aout 2014 que son parti, la SCODE, est contre toute révision constitutionnelle et notamment celle de l’article 220 qui pourrait permettre au président joseph Kabila de briguer un troisième mandat.

Le point de vue du bâtonnier Muyambo est pourtant celui de la majorité de Katangais, province d’où Joseph Kabila est originaire. De toutes les provinces de la RDC, le Katanga semble n’avoir pas tiré profit de ses ressources naturelles durant le mandat de son rejeton. Chose qui crée beaucoup de frustrations et beaucoup de mécontents. S’ils ne le disent pas à haute voix, bon nombre des frères de province du président joseph Kabila sont d’avis qu’il devra céder le pouvoir à quelqu’un d’autre. Et ce, quelle que soit sa province d’origine. Cela peut se sentir dans les réactions un peu ambiguës de certains politiciens de la majorité Présidentielle qui, en réalité, peinent à transmettre le point de vue de la base au président Joseph Kabila. Les Katangais ne se reconnaissent pas en lui.

La situation socio-économique de la province est catastrophique. Pas de routes de desserte agricole, pas de centres de santé adéquats, pas d’emplois, pas d’eau, pas d’électricité, etc. Bref, la province ressemble à un grand village qui peine à se moderniser. Surtout dans les milieux ruraux. Lors de son dernier séjour à Manono, territoire d’origine du président Joseph Kabila, le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, a été témoin du ras-le-bol des frères du président de la République. Rien n’y a été fait. Mêmes les promesses électorales de Joseph Kabila n’ont pas été tenues. La déception est totale.

Au sein de la Fondation katangaise, plate-forme qui regroupe toutes les associations socioculturelles de la province, on déplore l’absence de la  justice distributive. Il y a des Katangais privilégiés, les Katangais de second rang et les autres. Les oubliés du régime. Et le bâtonnier Muyambo le sait. La province est dirigée par trois communautés au grand dam des toutes les autres. On estime que le président de la république a failli en étant très partielle depuis qu’il est au pouvoir. D’où la question: Pourquoi encore lui?

La position de Muyambo a le mérite de rencontrer la véritable préoccupation des Katangais: Le changement de la constitution pourrait enflammer le pays et provoquer des guerres. Personne ne voudrait revivre cela. Le nord-Katanga a perdu ses braves fils à cause de différentes rebellions. Les gens ont encore ce souvenir frais à l’esprit. Robert Mbuyu commente: « C’est la partie nord de la province qui a le plus souffert des affres de la guerre. Il ne faudrait pas que l’on revive la même situation. Il ne faut pas l’oublier, cette partie n’est pas encore totalement pacifiée. C’est pourquoi on parle du triangle de la mort, des affrontements bantous-pygmées. La prudence et la sagesse doivent être de mise. Le bâtonnier Muyambo a raison, la constitution ne doit pas être changée. Pas même d’une virgule »

Nawej a sa lecture des choses: « Pouvons-nous parler de la révolution de la modernité à Mutshatsha ou à Kasaji? Pouvons-nous soutenir que Sakania est modernisé ou Malemba-Nkulu? Qu’est-ce qui a changé à Kalemie ou à Lubudi? La révolution de la modernité? Peut-être à Kinshasa, au Bandundu ou à Kindu. Faire une telle affirmation au Katanga serait de la simple démagogie. Je me joins au bâtonnier Muyambo en invitant le président Joseph Kabila au respect de la constitution ».

Dans le registre du développement, les Katanga a été la province la plus oubliée par le régime en place. Ses richesses ont servi à construire d’autres provinces faisant du Katangais le Congolais le plus pauvre et pourtant vivant sur une terre extrêmement riche. Alors, ne cesse-t-on de se demander: Pourquoi encore Joseph Kabila et pourquoi faire? Alors, comment  les stratèges de la MP et Joseph Kabila vont-ils s’y prendre pour inverser la vapeur? Telle est la grande interrogation.

 Hypolite Kimbalanga, Lubumbashi, le 31 août 2014

Source : www.lappelafricain.com 
  Autres Articles dans la même catégorie
 
Riposte au VIH/SIDA dans la province du MANIEMA en 2017

 
SEP Maniema